Leçon du 7 juin 1945, série B, Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 1944-1945, série A et B, Esquisse d'une grammaire descriptive de la langue française III et Sémantèmes, morphèmes et systèmes, publiées sous la direction de R. Valin, W. Hirtle et A. Joly, Québec, Presses de l'Université Laval, et Lille, Presses universitaires de Lille, 1991, pp. 201-210
La linguistique est une science naissante d'un caractère extrêmement particulier, en ce sens que son objet - son objet véritable qui est la langue (selon la juste définition de Saussure) - n'existe pas en dehors de l'homme. Plus encore, c'est un objet qui n'est pas observable là où il existe : nous ne connaissons rien de la langue directement et nous ne pouvons acquérir aucune idée de ce qu'elle est autrement que par l'observation de l'emploi que nous en faisons. La langue existe en nous en permanence sur le plan de puissance, mais nous ne pouvons l'observer sur ce plan, et la seule possibilité qui nous soit offerte est de la considérer sur un plan qu'elle n'occupe pas, le plan superficiel de l'effet, et, à l'aide d'observations relatives à son apparition momentanée et partielle sur ce plan, de parvenir à nous faire une juste idée de ce qu'elle est in toto au fond de nous-mêmes, à l'arrière plan de l'esprit, quand nous ne parlons pas, quand nous n'en faisons point usage. Je ne crois pas que l'attention des linguistes, ni celle des philosophes se soient suffisamment arrêtées sur le fait que la langue habite en nous en permanence et qu'il ne nous est pas donné de pouvoir nous rendre compte de ce qu'elle représente au fond de nous-mêmes et de ce que notre "humanité", dont elle est inséparable, lui doit et, réciproquement, de ce qu'elle lui doit. Le mystère reste immense, la langue reste un secret de la nature, et les humbles découvertes faites au cours de plus d'un siècle d'études méthodiques, plus ou moins heureusement dirigées, n'ont pu que faire ressortir l'intérêt immense qui s'attache à la pénétration de ce qu'est la langue au fond de notre pensée alors que celle-ci ne s'en sert point et borne son activité au minimum nécessaire à sa conservation. Je considère que l'esprit humain n'est jamais totalement inactif, qu'il lui faut à tout le moins entretenir en lui l'activité sourde nécessaire à la conservation de la langue déposée en lui. D'après moi, la cessation de ce minimum d'activité entraînerait, si elle venait à se produire, la perte de la langue, totale ou partielle, et l'on se trouverait en présence d'une aphasie, phénomène pathologique qui devrait être étudié conjointement par des médecins et par des linguistes. Il m'est arrivé bien des fois dans ma vie de vouloir - on veut parfois l'impossible - observer ce que ma langue, la langue française, est en moi dans les moments de repos où je n'en fais pas usage. Or ce regard sur ce que ma langue est au fond de moi-même, qui sais m'en servir avec aisance, m'est absolument et définitivement refusé. Il n'arrivera jamais à un homme de pouvoir regarder en lui-même assez profondément pour y voir la langue dont cependant il est le dépositaire. Mais si l'homme ne peut contempler directement la langue qui habite en lui, du moins peut-il, d'après les emplois qu'il en fait, essayer d'en concevoir la structure et le mécanisme. La linguistique doit son existence à cette possibilité. C'est une science qui ne peut exister que pour des esprits capables de reconstituer, lentement, l'être de la langue, sur la seule donnée des effets que nous obtenons de son maniement. Il n'existe pas d'autre science qui mette l'esprit humain en semblable situation. Les modestes études que nous avons entreprises ici en vue de reconstituer, partie par partie, l'édifice de la langue tel qu'il existe au fond de nous-mêmes nous ont permis de nous rendre compte que pas mal de problèmes, faisant encore partie de ce qu'on pourrait appeler l'actualité scientifique, sont des problèmes traités depuis les origines par l'esprit humain au cours de sa construction de la langue. Les schèmes élémentaires et fort imparfaits que nous produisons de certaines opérations constructives importantes montrent que les plus hautes questions scientifiques ont été abordées et résolues par la langue d'une manière originale, dont on ne discerne pas encore ce qu'elle contient d'erreur ou de vérité. Une chose paraît établie, en tout cas pour qui est suffisamment linguiste, c'est que les hauts problèmes que la science et, notamment, la mathématique traite avec un succès grandissant lui parviennent filtrés par les solutions linguistiques qu'ils ont déjà reçues. Aussi ne serait-il nullement inexact de considérer la langue comme une pré-connaissance qui serait à l'origine de la science proprement dite et qui, d'une manière simple et même enfantine, aurait peut-être parfois vu aussi loin que la science proprement dite. La langue serait la dépositaire de la science que l'esprit humain tire directement du concret. Ces quelques <remarques> invitent à la réflexion profonde et ouvrent à l'esprit une perspective qu'il n'est pas accoutumé à embrasser. Je ne sais si elles ont autant de valeur que je suis enclin à leur en accorder - peut-être me fais-je illusion. Une chose est certaine en tout cas, c'est que la langue a eu à résoudre, et à résoudre très finement pour sa construction même, une foule de hauts problèmes de représentation ayant trait au mobile et à l'immobile, au discontinu et au continu, à l'étendue en croissance positive ou en décroissance, au temps et à l'espace, au fluent et au stable, au particulier et au général, au nombre et à son action saisissante à l'égard des choses et à l'égard de lui-même. Or tous ces problèmes autrement définis et, je le répète, déjà filtrés par les solutions linguistiques qu'ils ont reçues, se présentent, à l'état pur ou en des applications, au regard de la science actuelle. L'un des problèmes traités et résolus par la pré-connaissance que constitue la langue est celui de l'extension spatiale. La première solution qu'il a reçue est représentée par la catégorie du nombre - du nombre linguistique incorporé à la notion nominale. Les deux cas limites de cette catégorie sont le singulier absolu et le pluriel illimité. Ces deux cas limites sont des cas adversatifs : le pluriel s'obtient en s'éloignant du singulier, et le singulier, en prenant de la distance par rapport au pluriel. Fondamentalement, on se trouve ainsi en présence de deux mouvements dont l'un, représentatif du singulier cinétique, se développe entre une pluralité aussi grande que l'on voudra dont l'esprit humain s'éloigne et une vision réduite au singulier dont l'esprit humain s'approche, tandis que l'autre, représentatif du pluriel cinétique, se développe entre une vision réduite de singulier dont l'esprit humain s'éloigne et une vision perspective de pluriel illimité vers laquelle il se dirige. Le singulier et le pluriel dont nous parlons en ce moment sont cinétiques ; ils deviennent statiques en dehors de la langue, dans le discours qui, pour s'en saisir, les intercepte l'un et l'autre à plus ou moins grande distance de leur terme d'origine et de leur terme de fin. Les interceptions livrant le singulier et le pluriel statiques s'échelonnent tout le long de la progression longitudinale des deux mouvements. Un pluriel étroit, peu nombreux, procède d'une interception précoce du pluriel cinétique, et un singulier devient l'équivalent d'un pluriel dans le cas où le singulier cinétique fait l'objet d'une interception très précoce. Ceci explique que la phrase : Un soldat doit être brave soit applicable dans un champ de vision sensiblement aussi étendu que la phrase : Les soldats doivent être braves. Figurativement, la catégorie du nombre se présente sous l'aspect d'une catégorie bi-partite faite de deux mouvements : l'un d'approche du singulier à partir du pluriel, l'autre d'éloignement du singulier en direction d'un second pluriel, qui n'est pas de la même nature que le premier. Le diagramme que je porte au tableau représente l'entier de la catégorie du nombre linguistique :
La tension I constitue le singulier cinétique, et la tension II, le pluriel cinétique. Le singulier et le pluriel statiques dont le discours a besoin sont obtenus en portant dans le nombre cinétique, singulier ou pluriel, des coupes par le travers qui interceptent le mouvement signifié. La distinction du nombre cinétique, seul existant dans la langue, et du nombre statique interceptivement produit dans le discours, nous met en présence d'un aspect de la discrimination du continu et du discontinu, celui-ci représenté ici, d'une manière un peu particulière, par l'interrompu. Qu'on reprenne, après avoir constaté cette structure de la catégorie du nombre, les travaux de Bergson sur le mouvant et sur l'impuissance de l'intelligence à s'installer dans la mobilité, qu'elle découpe en instants d'immobilité, et l'on fera la découverte que le philosophe n'a rien dit de plus que ce que pratique toute langue en possession complète de la catégorie du nombre. J'ai le plus grand respect pour les travaux du philosophe illustre dont je viens de citer le nom ; il me semble toutefois que ses longues études ne disent pas sur le problème du mouvant et de l'immobile tout ce qu'il eût peut-être convenu de signaler. Elles ne parlent pas, et c'est une lacune, de la solution linguistique, constamment remarquable, qu'il a reçue : mouvement dans la langue, interception immobilisante dans le discours. L'illustre philosophe n'a pas, que je sache, rapproché en aucun cas les problèmes philosophiques par lui traités des solutions qu'ils avaient reçues dans la langue, et notamment dans la catégorie du nombre, à qui est confié en grande partie originairement, afin qu'elle en suscite la solution, le problème de la représentation spatiale. L'eût-il fait qu'il aurait reconnu que l'esprit humain avait déjà, à travers la solution linguistique, pris une connaissance intime, parfaite des choses que le penseur exposait magistralement, comme étant nouvelles, à ses auditeurs et à ses lecteurs. Le schéma que nous avons sous les yeux de la catégorie du nombre linguistique est riche d'enseignement. Il nous fait connaître qu'il existe dans la langue non pas un, mais deux singuliers statiques appartenant à des cinétismes différents. Il existe un singulier statique I/1, qui est le terminus ad quem du singulier cinétique, et consécutivement un deuxième singulier statique 1/I, qui est le terminus a quo du pluriel cinétique. Le numéral (I) apparaît ainsi être une synthèse de deux singuliers adversatifs juxtaposés et avoir par là une composition psychique rappelant celle du présent, lequel réunit en lui une parcelle de passé et une parcelle de futur. Le singulier I/1 servant de terminus ad quem au singulier cinétique représenté par la tension I est un singulier interne à une formation - et donc finalement à une forme - de singulier, tandis que le singulier 1/I servant de terminus a quo au pluriel cinétique représenté par la tension II est un singulier interne à une formation - et donc finalement à une forme - de pluriel. Ainsi l'on a le singulier successivement sous forme finissante de singulier et sous forme naissante de pluriel. Telle est, fondamentalement, la représentation linguistique ; on conviendra qu'elle ne manque pas de finesse. Les conséquences que l'esprit humain en a tirées pour ce qui est du développement de la catégorie du nombre ne sont pas moins remarquables. Ayant deux états du singulier statique, on a eu deux états du pluriel statique : un pluriel statique N/I qui est une saisie du singulier sous une forme multipliante de pluriel - ce pluriel, que nous nommerons le pluriel externe, est celui auquel la structure des langues évoluées qui nous sont familières nous a accoutumés ; et un pluriel I/N qui est une saisie du pluriel sous une forme unifiante de singulier et que nous nommerons, afin de bien l'opposer au premier, le pluriel interne. Le pluriel interne est représenté dans les langues indo-européennes archaïsantes par le duel, que connaissent aussi les langues sémitiques extrêmement conservatrices. Le duel est le dernier des pluriels pouvant être formés dans le champ du singulier cinétique. C'est sans doute à cette position finale, qui le distingue de tous les autres pluriels internes : triel, quatriel, etc.-<pluriel{Note : Mot ajouté}> indéterminé plus ou moins expansif - qu'il doit sa remarquable persistance. Le pluriel interne, qui se dessine sous une formation de singulier unifiante, est une construction psychique qui porte en elle-même sa condamnation, la forme de singulier enveloppante ayant cet effet "d'étouffer,> en quelque sorte le pluriel enveloppé, en lui refusant de plus en plus - le mouvement engagé est celui d'un resserrement menant au singulier étroit - l'expansion nécessaire à son maintien. Ceci explique - et l'explication une fois de plus, je tiens à le faire constater, reste psychomécanique - ceci explique que le pluriel interne ait pratiquement disparu des langues évoluées dont nous nous servons en Europe et qui ont conquis le Nouveau-Monde. Ce qui a subsisté du pluriel interne dans une langue comme le français est tout à fait insignifiant. Ce ne sont que d'infimes vestiges. Par exemple, des mots qui ne s'emploient qu'au pluriel tels que obsèques, funérailles, un mot comme bestiaux qui ne signifie pas plus quantitativement que le singulier bétail. Et aussi, du côté grammatical, le pluriel irrégulier yeux, lequel ne se maintient pas, une fois disparues toutes les possibilités de concevoir le pluriel comme le contenu multiple d'une unité groupante. On dit, avec le pluriel externe normal : des oeils-de-boeuf, en parlant d'ouvertures rondes ou ovales ne formant pas comme les deux yeux de l'homme ou des animaux une paire, ni comme les yeux du bouillon, un vaste pluriel indéterminé intérieur à une unité groupante. Examinons maintenant les choses d'un point de vue plus élevé. Le continu emporte avec soi l'idée de singulier ; inversement, le discontinu a des attaches étroites avec la notion du pluriel. On en a une preuve grammaticale dans le fait que si on met au pluriel un mot abstrait, représentatif d'une continuité, telle que bonté, il vient un sens qui n'est plus celui de l'abstrait mais d'une division concrète de celui-ci en des marques distinctes de lui-même. Des bontés, cela signifie des marques de bonté. L'affinité du continu et du singulier et celle du discontinu et du pluriel sont des faits primordiaux qu'un linguiste doit toujours avoir présents à l'esprit. Une conséquence de cette double affinité a été une tendance à réserver au singulier cinétique l'expression du continu, le discontinu trouvant son expression dans le pluriel cinétique, lequel comprend, ainsi qu'on l'a expliqué, un état initial de singulier. C'est sur cette base qu'ont fonctionné les langues évoluées qui n'avaient point inventé l'article. Cette base est restée celle des langues qui, comme les langues slaves, persistent à ne pas inventer en elles, pour des raisons dont il est difficile de dire si elles sont accidentelles ou essentielles, le déterminant d'extension nominale qu'est l'article. Il est passionnant de suivre parmi les états successifs de la catégorie du nombre les efforts que fait l'esprit pour mettre le continu d'un côté et le discontinu de l'autre. Le problème continuellement filtré par les solutions successives qu'il se donne n'obtient une solution vraiment satisfaisante, et, du reste, plus ou moins réussie selon les langues, qu'avec l'invention de l'article. Jusque-là, les tentatives de juste répartition du continu et du discontinu se poursuivent d'une manière curieuse qu'il est intéressant de bien examiner. Originairement, il est fait distinction d'une pluralité qui extérieurement a la continuité intérieure du singulier et intérieurement la discontinuité du pluriel. C'est ce pluriel qui, à l'époque des origines, a dû jouer un rôle très important dont il est difficile en l'absence de documents de se faire une idée un peu exacte, que nous nommons le pluriel interne. On doit considérer que son invention représente un premier succès dans l'élimination du discontinu au bénéfice du continu, dont l'esprit humain poursuit la définition linguistique distincte. Dans le pluriel interne, la discontinuité persiste à s'affirmer au-dedans de l'image évoquée, mais extérieurement, du dehors, la saisie est une et continue. Cette continuité extérieure est un attribut inséparable du singulier cinétique. Lors donc que la pluralité interne aura été éliminée et il n'en peut être autrement vu qu'elle est, comme on l'a dit tout à l'heure, étouffée par la formation de singulier enveloppante, quand donc la pluralité interne aura été éliminée, le singulier cinétique - autrement dit la tension I - constituera le domaine exclusif du continu au sein de la catégorie du nombre. Du même coup, la discontinuité passera tout entière du côté droit du système, là où règne le pluriel cinétique. On conçoit qu'une fois accomplie cette répartition du continu et du discontinu, le système ait un fonctionnement satisfaisant, et que le cinétisme du nombre, coupé par des interceptions plus ou moins tardives ou précoces, puisse produire les effets de sens dont on a besoin et qui, quoique moins bien explicités, sont sensiblement ceux qu'on obtient dans les langues où opère l'article. Le moment est venu de parler de l'article autrement qu'on ne l'a fait jusqu'ici, y compris nous-même dans le livre que nous avons consacré à cette particule. Il nous faut voir dans l'article ce qu'il est réellement du point de vue psychomécanique. L'article est la conséquence d'une nouvelle tentative de répartition du continu et du discontinu, répartition qui a consisté d'une manière générale à ne laisser subsister dans la catégorie du nombre que le discontinu et à en retirer <le continu>, tout en conservant le mécanisme du nombre lui-même, dont la notion complète est inséparable de l'idée de discontinuité, mais se passe sans difficulté de celle de continuité. Ainsi le système de l'article n'est pas autre chose que le système du nombre moins le nombre lui-même laissé à sa catégorie propre. La similitude des deux catégories, pour tout ce qui est de leur mécanisme fondamental, ressort avec clarté des deux diagrammes comparatifs que je vais porter au tableau.
{Note : Dans le manuscrit : contenant}
La confrontation des deux figures portées au tableau montre l'identité psychomécanique des deux systèmes, celui de l'article et celui, historiquement antécédent, du nombre. Partant du système du nombre, il suffit pour obtenir celui de l'article de substituer au pluriel d'origine et de fin la notion continue d'universel, considérée exempte de toute pluralité. Le résultat d'ensemble est la possession par la langue d'un double système d'extension nominale : le système discontinu du nombre et le système continu de l'article. Le pluriel qui réapparaît ensuite dans le système même de l'article né fondamentalement de son élimination, de l'élimination de la discontinuité qu'il représente, n'est qu'un pluriel d'accord permettant finalement aux deux systèmes de fonctionner simultanément, et, après s'être séparés afin de se créer distinctement, de se rejoindre. On a ainsi le bénéfice analytique - les langues savent accomplir de telles réussites - de la séparation et les avantages synthétiques d'une liaison dernière ne portant aucun préjudice à l'existence distincte des deux systèmes : celui du nombre chargé de l'extension nominale discontinue, et celui de l'article chargé essentiellement de l'extension nominale continue et non numérique. Que la catégorie du nombre évolue dans un sens qui pose de mieux en mieux devant l'esprit, par les solutions successives qu'elle offre, le problème de la séparation du discontinu et du continu, problème finalement résolu avec élégance par l'invention de l'article, est un fait de linguistique structurale de la plus haute importance sur lequel on se propose de revenir la prochaine fois. Il sera montré que la constitution du mot lui-même est tributaire du régime numérique adopté pour la saisie des éléments formateurs. Les langues dont le régime numérique de saisie des éléments formateurs est uniquement le singulier deviennent des langues à caractères. Les langues qui possèdent le mot intérieurement systématisé sont celles dont le régime de saisie des éléments formateurs est la pluralité sous l'un ou l'autre de ses aspects. C'est une surprise, même pour un linguiste accoutumé aux problèmes de la linguistique structurale, que de constater le rôle extraordinairement important joué dans la constitution des langues par l'état psychique de définition de la catégorie du nombre. L'importance de ce rôle se dégagera de la prochaine leçon mieux encore que de celle-ci. On verra que la découverte de ce rôle ouvre à la recherche de nouvelles voies non entrevues jusqu'ici. On conduit ses études ou, du moins, on se flatte de les conduire, pour s'apercevoir un jour que ce sont elles qui vous conduisent et vous mènent où l'on ne pensait certes pas aller quand on s'est mis en route. |